Entretien de Maître Meyer - la Tribune de Genève
Voici l'entretien de Maître Meyer, avocate de Jérôme Kerviel, acordée le 6 avril à la Tribune de Genève
Cette information est effectivement sortie dans la presse, mais elle n'est pas de notre fait et elle est fausse. A l'heure d'aujourd'hui, nous n'avons rien intenté de tel. Et si nous devions le faire, ce ne serait sûrement pas parce que, comme vous dites, l'attaque est la meilleure défense, mais parce que le dossier le justifierait.
Le mois et demi qu'il a passé en prison l'a sûrement affecté, et ce, même s'il a eu droit à une cellule individuelle. Depuis sa sortie, il a ordre de ne pas quitter l'Ile-de-France et de se présenter une fois par semaine dans un commissariat. Il profite de son temps pour se reconstruire auprès des siens, de sa famille, de ses amis. Et puis, il travaille sur son dossier. En prison, il était difficile de le faire en toute sérénité. Nous le pouvons maintenant.
J'ai pris cette décision, aussi bien pour lui que pour moi. Quand j'ai compris le déchaînement médiatique qu'allait susciter cette affaire, j'ai su que je ne pourrais pas faire face sans l'aide d'un spécialiste.
Non. S'il y a procès, car formellement il faut attendre la fin de l'instruction pour le savoir, il veut avoir réservé ses déclarations aux juges. Il se trouve surtout que ce n'est pas dans la personnalité de Jérôme Kerviel, qui est d'un naturel discret et plutôt effacé.
Laissez-moi apporter deux précisions à ce propos. La première concerne le rapport Green, commandité par la Société Générale elle-même, et que l'on peut lire sur l'Internet. Il conclut au fait qu'il n'y a pas eu d'introduction dans un système informatique. Ensuite, concernant cette perte pour laquelle la banque poursuit son ex-employé: je pose la question suivante; pourquoi poursuivre un employé pour des pertes apparues mi-janvier, alors qu'à la fin de l'année 2007,il avait engrangé des gains de1,4 milliard d'euros. N'y a-t-il pas là deux poids et deux mesures de la part de ceux qui l'accusent?
Tout de même, il n'est pas pour rien dans cette affaire. Dans quelle mesure se déclare-t-il responsable?
Je ne peux répondre à cette question. Elle concerne directement le fond de l'instruction en cours. Or, mon client et moi-même avons décidé de respecter le secret de l'instruction.
Quand on voit la concurrence qui existe dans les salles de marché et entre les différentes filières, les sommes astronomiques qui passent dans les mains de ces jeunes gens, les performances recherchées et les objectifs de gains que poursuivent ces établissements on est en droit de se demander s'ils peuvent encore garder les pieds sur terre.
Le bonus n'a pas été son moteur. Il avait à coeur d'être l'un des meilleurs et la façon d'y parvenir, c'est de faire gagner beaucoup d'argent à la banque. L'enrichissement personnel n'a jamais constitué pour lui unobjectif.
Tout le monde dans ce milieu marche au bonus. Cela constitue peut-être un problème de société, ce n'est en tout cas pas un délit.
Immature, il ne l'est pas.Une fois encore, il n'a jamais cherché ni à quitter la Franceni à échapper à ses responsabilités. J'ai été choquée par la campagne de dénigrement dont il a fait l'objet. On a tenté de le faire passer pour un machiavélique calculateur prêt à prendre la fuite à la première occasion.Or, il n'est rien de tout cela.C'est un garçon attachant et sincère.
Franchement, je ne me suis pas posé cette question et cela m'est égal pour l'instant. J'ai un client à défendre dans une affaire peu banale et c'est tout ce qui me préoccupe.