Eric Cordelle à la Société Générale : pauvre chéri !
Le Figaro a publié une interview d’Eric Cordelle, supérieur hiérarchique de Jérôme Kerviel au moment des faits. Comme on pouvait s’y attendre, Eric Cordelle n’y révèle rien de particulièrement nouveau sur l’affaire, et se contente d’évoquer les conditions de son licenciement : le pauvre, après 12 ans de bons et loyaux services, se retrouve dans un placard pendant 4 mois ; pour éviter de retrouver un cadavre dans ses murs, la Société Générale a procédé à son licenciement par une lettre datée du 23 mai, puis lui a bloqué l’accès à l’entreprise.
Pour le reste, cette interview en forme de coup de communication raccoleur lui sert surtout aiguiser ses arguments en vue de l’examen de sa plainte (voir dans les pages de ce blog). Mais Eric Cordelle n’est responsable en rien dans tout ce qui arrive : Jérôme Kerviel était bien trop malin pour lui et il lui était impossible de déceler ses agissements. Il faut dire qu’en bon manager, Eric Cordelle poussait très loin ses investigations avec son trader. Ainsi, il rapporte, un édifiant dialogue, à diffuser dans toutes les écoles de management, alors qu'il s'inquiétait de la trésorerie de Jérôme Kerviel : «Tiens, tu as vu ta trésorerie?» Il m'a répondu: «Oui, c'est réglé. » Bravo Eric, c’est effectivement ce qu’on appelle contrôler et manager !
Mais que l’on se rassure, Eric Cordelle n’est encore en rien responsable de cette négligence coupable : c’est la Société Générale qui a fait l’erreur de mettre au poste de responsable du Desk Delta One une ressource inadaptée: « Quand j'ai été nommé, après cinq années passées à Tokyo en ingénierie financière, j'avais une expérience de management mais pas de trading. Et personne ne m'a donné de «job description ». Je n'avais pas de feuille de route, pas de formation, pas d'informations. Je ne savais pas que Jérôme Kerviel avait un passé. Cela aurait modifié mon attitude. » Bien sûr... nous sommes sur le point de verser quelques larmes de crocodile... Pourtant, ce n’est pas à un brillant diplômé de grande école qu’on l’apprendra qu’avant d’accepter un poste, n’importe quel salarié doit se poser la question de l’adaptation de son profil au poste proposé. On imagine ainsi le dialogue entre Eric Cordelle et son responsable, au moment où celui-ci lui a proposé de prendre en charge la direction du Desk : «Tiens, tu as fait ma feuille de route?» «Oui, c'est réglé. » Mais visiblement, Eric Cordelle n’est pas du genre à creuser les sujets, et à s’embarrasser de questions. Comme il le confesse volontiers à la fin de l’interview : « Je ne suis pas psychologue »