Jérôme Kerviel à "7 à 8" sur TF1 : "Je suis mister nobody et je veux redevenir personne"
Ca y est, le plan médiatique de Jérôme Kerviel est en marche! Après le ratage du Parisien (vraie-fausse interview basée sur des morceaux "Off" censés rester secrets), ce sont finalement la radio RTL et la grande chaine culturelle TF1 qui ont eu le priviliège d'accueillir celui qui est passé de l'anonymat à la célébrité dont il se serait bien passé, ainsi qu'il le résume dans une phrase magnifiquement préparée : "Je suis mister nobody et je veux redevenir personne". Pas sûr que l'ancien trader soit exaucé dans son souhait, lui autour duquel s'est focalisée une grande partie de l'actualité de la Socgen depuis un an. De même que le nom de Nick Leeson, plusieurs années après l'affaire, continue à symboliser ce que l'on sait, il est à parier que le nom de Jérôme Kerviel sera durablement lié aux difficultés que connaît la banque, quel que soit le dénouement du procès.
Un an après cette brusque apparition médiatique, Jérôme Kerviel ne cherche pas à travailler son statut de star malgré lui, mais joue ses dernières cartouches, alors que l'instruction ne lui a pas permis, semble-t-il, de démontrer aux juges (ou de faire accepter aux juges) que la banque était derrière tous ses agissements.
Ainsi, Jérôme Kerviel prend la France à témoin. Les juges d'instruction n'ont pas voulu aller au fond de l'affaire en allant chercher d'éventuelles preuves au siège de la banque ? Jérôme Kerviel charge son ancien employeur devant la France entière pour démontrer que, non, il n'est pas l'escroc que la banque a présenté, qu'il n'est qu'un pantin, un sbire, une machine à cash efficace que sa hiérarchie a voulu user jusqu'à la moelle, puis incriminé, jusqu'au licenciement et à la poursuite.
Si les arguments semblent plausibles, convaincants, voire sincères (et osons le dire, très crédibles, tant les banques nous ont montré depuis plusieurs mois l'étendue de leurs turpitudes financières), il reste encore des zones d'ombres que les interviews n'expliquent pas. Pourquoi a-t-il produit des faux ? Ces faux étaient-ils connus de sa hiérarchie ? Pourquoi a-t-il continué à investir de plus en plus dans les derniers jours alors que l'étau se resserait ? Toutes ces questions sans réponse me font finalement me demander si nous saurons un jour toute la vérité sur cette affaire...
En attendant le procès, il est peu probable que Jérôme Kerviel refasse une apparition dans les médias. Le jeune homme souhaite rester discret... on peut le croire. Le choix de RTL, et d'une émission telle que "7 à 8", plutôt que la grande-messe du JT de 20h démontrerait une volonté de ne pas trop se montrer, malgré tout.
Voici donc quelques éléments de Verbatim de son entretien avec le journaliste Thierry Demaizières,
"Ce n'était pas un jeu, c'était mon métier d'investir sur les marchés financiers (...) peu à peu on perd les notions des montants". "Ça va très vite, on investit de l'argent, on achète bas et on espère vendre plus cher. En 5 secondes vous pouvez investir 200 millions d"euros..."
"A la fin de la journée, mon chef me donnait une tape dans le dos en me disant : 'Alors tu as été une bonne gagneuse aujourd'hui ?"
"A aucun moment, on ne m'a dit 'arrête tes conneries. On me l'aurait dit, j'aurais arrêté" (...) "Oui j'ai fait des bêtises, il y a des opérations fictives, mais je n'ai pas falsifié les comptes (...) "On m'a laissé faire" (...) "Ils ont ouvert la voiture, on m'a donné les clefs en me faisant des gestes de la tête en disant : 'Vas-y ! Vas-y'". J'ai peut être été plus loin que les autres mais on m'a poussé"